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Alcool au soleil
23 mars 2007

Buck D. --- Episode 1

C'est un desperado qui se profile entre deux cactus, appelez-le buck et gardez un oeil sur ses colts encore fumants. Ce n'est pas une Edelweiss mais plutôt un bombardier, et quand sa silhouette s'allonge dans les rues la pression monte, dans les bars comme dans les verres. Les uns descendent leurs demis, d'autres abattent leurs cartes, mais les plus avisés rasent les murs, la main droite serrée sur la crosse de leurs six-coups. Les volets se ferment et derrière les trous du bois pourri on peut voir briller un oeil ici ou là, luisant d'anxiété, un regard fiévreux mais avide de sang. Car Buck est un torrent de sang, un cyclone de violence, un hymne à la torture. Il porte en bandoulière deux ceintures de munitions, et il ne faut y voir aucune coquetterie, seulement du sens pratique. Et ce n'est pas du sang de poulet qui s'écaille sur la lame son couteau cheyenne - dont on ne lui a pas fait cadeau. Aujourd'hui Buck entre dans Bibir City du pied gauche, un rictus haineux et plein de rage déforme son visage bestial et découvre sa machoire de fauve, laissant apparaître malgré-lui sa mauvaise humeur passagère. Les rues sont vides, en dehors d'une grand mère endormie bien paisiblement et surtout très imprudemment dans une chaise à bascule. Buck essuie de la main gauche le filet de bave enragée qui lui dégouline sur le menton et de la main droite dégaine son colt et vide le barillet dans la grand mère précédemment citée, qui passa de vie à trépas sans avoir le temps de dire ouf. Des genoux claquent à l'intérieur des maisons barricadées. Pourtant nul n'est besoin de trembler, il suffirait d'être observateur pour sauver sa peau. En effet, en examinant bien cette bête miteuse qui traîne ses éperons dans la poussière - en utilisant des jumelles si la distance en rend l'usage nécessaire - on peut remarquer un mégot au coin de la bouche de Buck. Et à la déformation de sa poche pectorale, on peut déduire que son paquet d'allumettes est vide : on peut donc légitimement supposer qu'il n'a plus de feu, et que toute sa mauvaise humeur vient de là. A l'évidence la grand mère ne fumait pas, et par conséquent n'avait ni feu, ni droit de vivre.

Laissez-moi vous présenter à présent le petit Pedro. Le petit Pedro n'est pas une marque d'alcool, c'est être vivant vaguement humanoïde à la démarche bancale. Il est l'esclave sexuel du tenancier du salon de coiffure - où nous avons peu de chances de croiser Buck D., c'est pourquoi nous ne nous attarderons pas sur les difficultés financières liées à la gestion d'un salon de coiffure - et, accessoirement, Pedro est très observateur : il a deviné, lui que Buck désirait du feu, aussi le voit on à présent s'avancer vers la bête en boitillant. Il le regarde de ses grands yeux bleus désarmants, un sourire ingénu aux lèvres, et lui tend timidement un briquet à essence - LA CLASSE ! Et ce fut la fin tragique du petit Pedro. Nous retiendrons de lui cette dernière image émouvante, et nous passerons sous silence les ignominies que le Club des Nécrophiles de Bibir city (www.CNB.fr) a fait subir à sa triste dépouille mortelle, déjà en charpie car Buck D., ne résistant pas à un élan de malice enfantine, a joué avec sa chétive proie à mains nues, sans utiliser d'autres armes que ses membres. La partie terminée, Buck rallume son mégot -il avait une autre boîte d'allumettes, pleine, dans sa poche reveolver- et pose son regard bovin sur le Saloon... une expression de bonheur béat apparait sur ses traits ravagés : il vient d'avoir une idée. Il va se désaltérer. Et comme c'est la meilleure - et seule - idée qu'il ait eu depuis le début de la journée, c'est avec entrain et bonne humeur qu'il entreprend de trainer sa carcasse jusqu'au débit de boisson.

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